Mak Paro : Jessica, Jessica Valoise, comment vas-tu?
Ça va bien, merci.
Mak Paro : Tranquille, posée. Tu as été bien reçu?
Ouai, super.
Mak Paro : C’est vrai? N’ai pas peur, même si ils te regardent, si ils t’ont mal reçu, y a pas de soucis, j’arrive, je dégaine, y a pas de problème.
Non super, on m’a offert du thé sans gluten. [Private Joke]
Mak Paro : C’est la petite dédicace Street Diamondess! Donc Jessica, tu fais plein de choses. Quand j’ai posté sur les réseaux sociaux tout ce que tu faisais, les gens disaient mais en fait y aura pas assez d’une émission pour la recevoir. Tu es une personne très éclectique. Tu es aussi une globe-trotteuse. Surtout il faut dire que tu es une peintre, tu es photographe, tu es réalisatrice, tu es écrivaine, et avant tout on va dire que tu es une artiste qui s’exprime par différents biais quoi.
Ouai, c’est vraiment ça. Je m’exprime avec ce qui est le plus approprié à ce que je veux exprimer. Des fois c’est la peinture, des fois c’est la photo, des fois c’est le texte, des fois c’est la vidéo…
Mak Paro : Quand je t’ai connu, je crois que la première fois que je t’ai vu, soit tu faisais de la photo, soit tu faisais de la vidéo, à un évènement mais je ne sais plus si c’était à Cergy ou au Beatmaker Contest, ça devait être dans un truc hip-hop sur Paris. Et j’ai découvert ton travail avec tout ce que tu faisais sur les t-shirts [Art à Porter].
Ah mais t’es un ancien alors! Tu as connu KhaciJay! [KhaciJay était mon nom d’artiste, de 2009 à 2015]
Mak Paro : Justement, parle nous de tes débuts.
J’ai commencé comme ça, en faisant de la peinture sur t-shirt. Au début je personnalisais mes vêtements, mes amis ont commencés à m’en demander, les amis de mes amis, etc. Un moment donné je me suis rendu compte que ça pouvait devenir une activité professionnelle [en 2009], qui me permettait d’être libre, de ne pas avoir de patron, etc.
Mak Paro : Ok donc tout simplement. Mais quand je regarde tout ce que tu fais, quand on va sur tes sites internet, on découvre une personne qui a fait pas mal de choses. Comment tu as fait pour t’armer? Parce que tu habites à la base en France, qu’est-ce qui t’a donné le goût d’apprendre tous ces corps de métier?
C’est venu tout seul. Je suis super curieuse, et dès qu’il y a un truc que je ne connais pas, je veux apprendre. La peinture, j’en ai toujours fait. La photo c’est venu parce qu’il a fallu que je prenne en photo ce que je faisais. Donc j’ai commencé à m’intéresser à comment on faisait des photos, et là j’ai commencé à kiffer la photo. [Comment j’ai appris la photo] Sur mon appareil photo, il y avait le mode vidéo, et j’avais des amis musiciens, en studio qui répétaient, etc. et j’avais trop envie de retranscrire ce que je voyais donc j’ai commencé à tester le mode vidéo. Et à chaque fois, je demande autour de moi si il y a des photographes, des vidéastes, je demande des conseils, sinon je vais sur Youtube, sur Google, je cherche comment on fait, j’achète des livres… J’apprend comme ça.
Ludo : Autodidacte.
Voilà.
Mak Paro : Mais c’est un truc de fou parce qu’elle vous dit ça comme ça, mais elle a été photographe sur des films [Photos de plateau], t’as tourné pour pas mal de gens aussi [Réalisations vidéos]… Comme je l’ai dit, tu es aussi une globe-trotteuse : qu’est-ce qui t’a donné envie comme ça de faire le tour de la planète, de te promener en Afrique, Kenya [Mon voyage au Kenya], Canada, États-Unis, Thaïlande, France, Espagne, Polynésie Française [Mon Voyage en Polynésie], etc.?
Je ne sais pas exactement quand c’est venu et d’où c’est venu. Je pense que c’est aussi lié au fait que je sois hyper curieuse, etc. Mais mon premier voyage vraiment super loin et toute seule, j’avais 15 ans et c’était au Kenya [Mon voyage au Kenya]. C’était une colonie de vacances avec le travail de mes parents. Et en fait quand j’ai découvert cette culture, ce pays, les gens, les villages, les Maasaï, etc. On n’avait pas la même langue, pas la même culture, pas les mêmes vêtements, mais qu’on arrivait à échanger, qu’on se faisait les mêmes blagues, etc. Je me suis dit « Waa mais je veux découvrir tout le monde entier en fait, j’ai trop envie de connaître les autres cultures ». C’est parti comme ça, et à partir de ce moment là, tous mes choix, dans les études, ce que je voulais faire plus tard, il fallait absolument que ça soit compatible avec le voyage.
Mak Paro : Et justement il y a une chose qu’on n’a pas dit sur toi, c’est que avant tout tu es une [he]artist, donc une artiste du coeur. Tout vient du coeur, le chemin que tu parcours. Tu es aussi managée par Juste Pour Rire [Juste Pour Rire Management], c’est important de dire qu’au Canada Juste Pour Rire est une grosse organisation qui gère beaucoup d’artistes. On connaît surtout le grand festival en France, le côté comique, mais on ne connaît pas assez le côté managerial, etc. Au Canada tu fais pas mal de choses aussi, j’ai vu que tu as fait de la peinture sur t-shirts là-bas, des expos, [Festival Mode et Design – Expo LUNA inspirée – Expo DUO – Expo Éclosion Artistique] etc. Comment ça été pour toi de quitter la France, et faire tes activités au Canada?
Depuis que j’ai 15-16 ans, je sais que je vais vivre là-bas. J’étais en colonie à Montréal et j’ai eu un gros coup de coeur. Du coup partir c’était, au moment où c’est arrivé, quelque chose que j’attendais depuis presque dix ans. Avec l’expérience que j’avais en France, j’ai commencé en 2009, et je suis partie en 2013, ça m’a permis de ne pas reproduire les mêmes « erreurs », d’aller beaucoup plus vite, de savoir comment présenter mes choses, trouver mes clients, etc. Dès le début j’ai rencontré les bonnes personnes [Keithy Antoine] qui m’ont permis de rentrer dans un réseau hyper connecté, d’artistes, dans le milieu urbain, etc. Et tout a décollé au Canada. [C’est seulement en 2016 que j’ai signé chez Juste Pour Rire Management].
Mak Paro : Y a pas aussi un côté ouvert, le côté Américain, où quand tu touches une personne là-bas, elle est capable de te présenter des gens de fou?
Au Canada, on ne garde pas ses contacts pour ça, on n’a pas notre petit carnet d’adresse et je ne te le donne pas, etc. Au contraire, si tu rencontres quelqu’un, il te dit « Oh je connais un artiste qui aimerait trop ton travail », ou alors « Je connais un autre photographe qui pourrait trop te faire partager ses contrats », c’est vraiment dans le partage, et on a envie d’évoluer tous ensemble parce que on sait que non seulement ça va t’aider, mais ça va aussi aider la personne qui t’aide. La première personne que j’ai rencontré [Keithy Antoine], elle m’a dit « Je t’aide, mais c’est parce que je sais que tu vas m’aider aussi ».
Mak Paro : Tu sais quoi justement, c’est l’occasion de faire une dédicace à Max Limol qui est l’une des personnes les plus influente dans la sneakers en France, notamment par rapport à son site Sneakers-Culture [Sneakers-Culture], et il m’avait dit que lorsqu’il travaillait aux States, son patron lui a dit carrément : « Tu sais quoi, moi j’aime pas les noirs, mais tu me rapportes beaucoup d’argent, donc l’échange qu’on fait est mutuel, donc make money. » Et le gars ne l’a jamais dérespecté, il l’a toujours bien traité. Il y a ce côté où on est là pour faire quelque chose, c’est aussi un échange de bon procédé, on est amis ou on n’est pas amis, mais en tout cas on avance.
Mak Paro : Je suis en train de me promener sur ton site internet, je connaissais déjà ton travail, notamment ce que tu faisais sur t-shirts, et il y a toujours eu ce petit délire où tu étais un peu sur le noir et blanc avec un soupçon de couleurs. D’où ça t’es venu?
Heu… Je sais pas.
Mak Paro : Juste l’inspi comme ça, bam?! Parce que sur les t-shirts, il y a une grosse concurrence. Moi je connais des marques comme Mokitani, y a plein de marques de gens qui peignent sur t-shirts, et tout le monde n’a pas eu le sort de ta marque qui est un beau sort, qui est un bel essor, donc qu’est-ce qui a fait que les gens ont kiffé? Parce que j’ai vu aussi que tu étais très active sur les réseaux sociaux, que tu étais aussi dynamique parce que tu as lancé plusieurs séries, tu as développé plusieurs styles, donc qu’est-ce qui a donné cet essor? Tu avais la dale quoi!
Tu vois quand j’étais dans mes études, je créais, mais peu, et je pense qu’au moment où j’ai arrêté, c’est comme si toute la créativité qui était restée enfermée a explosé. Et plus tu crées, plus t’as d’idées. Puis j’ai différentes influences, je suis très inspirée par la culture urbaine, mais j’ai aussi mes connaissances « classiques », et je pense que le mélange de tout ça, ça donne quelque chose d’original, et du coup ça peut aussi toucher plus de monde.
Mak Paro : Il y a quelque chose qui m’a beaucoup touché, c’est ton côté écrivaine. J’ai deux bouquins auprès de moi : « Rencontre avec ma femme sauvage » et « Art is the message » [Mes livres]. Peux-tu nous parler de ton côté écrivaine, ce qui t’a donné cette envie d’écrire, de t’exprimer? Je sais que depuis petite tu écrivais tout le temps, à l’école, que tu étais très bonne, qu’on t’a repéré dès petite, non?
J’ai toujours écrit effectivement, parce que je lisais énormément, donc forcément à un moment donné je me suis mise à moi aussi vouloir écrire. Un jour ouai il y a eu un concours de poèmes, j’avais sept ans et j’avais gagné, mais après je ne saurai jamais si c’est parce que j’avais sept ans ou si vraiment j’ai gagné. Après j’ai eu des blogs, l’époque Skyblog [The Diary of Kaysha], etc. Un moment j’ai fait une pause, j’écrivais juste dans mes cahiers, c’était pas publié. Et l’année dernière je suis partie en voyage en Inde [Mon voyage en Inde], et là je me suis remise à écrire, j’ai publié mes articles, et ça a vraiment re-explosé. Ça fait un an que je ré-écris vraiment.
Ludo : Et c’est une bonne chose je pense parce que c’est vrai au niveau du site internet c’est très très bien fourni, et elle écrit tout ce qu’il y a sur ces différents voyages. Et peut-être que tu n’es jamais parti, en tant que lecteur, et puis tu découvres à travers son site, à travers ses voyages, tout ce que toit tu aurai pu découvrir, et du coup ça te donne envie de partir, ça donne envie de faire plein de choses.
Mak Paro : Sur ton journal [journal.jessicavaloise.com] tu écris, et il y a un texte que j’ai partagé sur ma page facebook qui a rameuté un paquet de personnes. Aujourd’hui encore quand j’ai mis que je recevais Jessica Valoise, y a une demoiselle qui m’a dit « Ah mais je me souviens trop de son texte, il était surpuissant! ». Et j’avais partagé cet extrait :
« Tu seras surpris parce que parfois je pourrai te donner l’impression que le reste du monde n’existe plus. Ça n’est pas un poids que je veux faire peser sur tes épaules. C’est juste que… Je suis comme ça. Entière.
Et des fois, je pourrai te donner l’impression que tu ne comptes pas. Que je n’ai pas besoin de toi. Je n’aurai jamais besoin de toi. J’aurai envie de toi. Mais jamais tu ne deviendras un besoin.
Parfois tu croiras que je t’oublie. Parce que j’aurai besoin de temps pour moi. Seule. Ou avec d’autre. Tout, sauf toi. C’est comme ça, c’est vital. Mais jamais, pas une seule seconde tu ne quitteras mon esprit. » Lettre ouverte au futur homme de ma vie
Mak Paro : Est-ce que tu peux nous parler de ce texte, qui a touché tant de monde sur le net?
Ouai c’est le texte le plus lu et le plus partagé. Je l’ai écrit à un moment où j’étais dans une relation, et c’était une grosse incompréhension, et au final ce texte est parti de cette relation mais c’est un résumé de toutes les relations que j’ai eu, et en fait c’est ça, c’est hyper difficile de se faire comprendre dans le monde d’aujourd’hui où justement on est très possessifs, etc. Je ne me retrouve pas du tout dans les relations d’aujourd’hui. Tu vois avoir besoin de quelqu’un, vouloir être avec quelqu’un… C’est pas comme ça que je vois les choses.
Mak Paro : Le côté possession, possessif, la personne elle est là, elle t’appartient, « c’est mon chéri », « c’est ma chéri, elle est à moi, t’as pas le droit de parler avec elle ».
C’est dur pour moi de gérer ça, aussi bien moi de mon côté ma « possessivité », que d’appartenir à quelqu’un. Je suis très bien toute seule, et je peux être très bien avec quelqu’un. C’est pas « Je suis toute seule il faut absolument que je sois avec quelqu’un », et quand je suis avec quelqu’un c’est pas « Mon Dieu c’est la fin de ma vie si on n’est plus ensemble, dans le sens : je me définie par toi et par notre relation, etc. »
Mak Paro : Dans ce texte il y a ce côté où c’est une affirmation de toi. C’est-à-dire qu’il y a ces couples qu’on a eu des fois, les relations passionnelles, t’es là avec la dame, vous ne vous quittez pas et t’as l’impression que vous vous mangez, et au bout d’un moment vous ne vous sortez pas de ça et vous vous clashez, ça pète. Parce que justement, l’individualité nourrit le couple. Ça veut dire que quand tu vas faire des choses de ton côté, ailleurs, ça va nourrir ton couple, tu vas amener des autres expériences à ton couple. Le tout c’est pas d’être fusionnel. Quelque part c’est ce que tu dis.
[…]
Après ça n’empêche pas que ça soit des relations hyper passionnelles à chaque fois, mais tout en gardant son individualité et le jardin secret de l’autre, et les expériences de l’autre, etc. [C’est justement ce que j’évoque aussi dans le texte, c’est qu’aujourd’hui les relations sont en mode fast-food. Alors que si je décide de me mettre avec toi, avec tous les choix qu’il y a, c’est pas pour faire n’importe quoi derrière. Donc c’est pour m’investir, pas pour être juste là par défaut, et être là à moitié.]
Mak Paro : Malgré tous tes univers différents, on sent résolument un côté urbain et hip-hop en toi. Est-ce que tu peux nous parler de ce côté urbain?
Plus jeune je voulais faire de la danse, mais je ne savais pas ce que c’était ni comment ça s’appelait [c’est quelque chose que j’avais en tête, que je ressentais, mais que je ne savais pas expliquer]. J’ai testé plein de styles : classique, contemporain, modern jazz… Et à chaque fois je disais que non, c’est pas ça. Un jour, une cousine m’a invité à son cours de danse et là j’ai dit « Voilà, c’est ça! », et c’était du hip-hop. Donc je suis rentrée dans le hip-hop par la danse, et après j’ai découvert la musique, la new-jack, les vêtements, le graff, etc.
Mak Paro : Y a un truc aussi qui est sympa dans ton blog [journal.jessicavaloise.com], tu es quelqu’un de très organisée. Et je pense que ça aussi ça fait une différence, c’est-à-dire que tu as vraiment réussi à sectoriser même tes pensées. C’est-à-dire que même quand tu écris quelque chose, tu vas vraiment le mettre dans des thématiques, et il n’y a pas de hasard. Par exemple, « Mes Voyages » [Journal de voyage] avec tel, tel, tel endroit, tu vas mettre société, amour et relation, réflexions, spiritualité, politique, société, portraits inspirants, la rubrique art avec différents trucs. Qu’est-ce qui fait que tu es aussi organisée? Parce que je pense que c’est quelque chose qui est très important quand on est un artiste malgré tout.
Je pense que le fait que je fasse beaucoup de choses, ça m’oblige à être organisée. Que ça soit pour moi ou pour les visiteurs qui arrivent sur le blog, il faut que ça soit organisé.
Ludo : On va aussi que tu fais de l’humanitaire, tu peux nous en parler?
C’est arrivé par hasard. J’ai besoin de voyager, et quand je suis partie en Inde l’année dernière, je n’avais pas d’argent [pour y rester trois mois], et une des solutions était de faire du volontariat [hébergement et repas fournis]. Alors la première raison était le fait que je n’avais pas d’argent, mais au final je me suis rendue compte que j’adorais ça. C’est comme ça que j’ai commencé à faire de l’humanitaire. Aider les gens, que ça soit des petites organisations, ou des associations avec des enfants, des femmes, etc. C’est vraiment quelque chose que j’aime et ça a donné un sens à tout ce que je faisais, parce que, un moment donné à Montréal ça fonctionnait bien, surtout l’année avant de partir en Inde, mais j’étais là : « Ouai ça fonctionne bien, ok c’est cool, je suis bien, mais après? C’est quoi le sens en fait? ». Et redonner après, que ça soit de mon temps, de mes connaissances, etc, là ça donne tout un sens à ce que je fais.
Ludo : Mais c’est ouf parce que moi j’ai rencontré Jessica à Paris [merci Babaflex!], du coup on s’est capté à Montréal, et j’ai analysé un peu son style de vie, et c’est un truc de ouf, parce qu’elle habite à Montréal, quand il fait froid elle se barre.
Mak Paro : C’est le côté Martiniquais ça.
Je ne suis pas compatible avec le froid.
Ludo : Tu sais c’est une vie que tout le monde n’a pas ou ne peut pas avoir [FAUX], c’est de travailler pendant six-sept mois, et après tu pars travailler ailleurs. Ça veut dire que artistiquement, elle arrive à s’organiser, à moduler les choses, pour faire en sorte qu’elle soit toujours active et dans un environnement différent. Ça veut dire que ça bouge tout le temps, et qu’elle arrive à faire le tour du monde. Du coup on peut apercevoir sur son site qu’elle s’est déjà dit je veux aller là, là, là. Pourquoi tu dis par exemple je veux aller en Amérique du Sud, qu’est-ce qui t’attire?
À chaque choix de destination c’est un gros dilemme parce que je ne sais pas où aller [étant donné que je veux aller partout]. L’Inde par exemple j’ai fait tourner le globe et mon doigt est tombé dessus. L’Amérique du Sud, je ne voulais pas partir trop loin par rapport à Montréal, j’avais déjà fait le Brésil, j’ai regardé les pays les moins chers, les plus intéressants, au niveau de la saison, où il fait le plus chaud, et ça s’est arrêté sur le Pérou. [Puis pour revenir sur le fait que c’est une vie que tout le monde ne peut pas avoir, je ne suis pas du tout d’accord : c’est un choix de vie, et comme dit plus haut, c’est à un moment donné faire des choix qui ne vont que dans ce sens, et s’en donner les moyens.]
Ludo : On a beaucoup d’appréhensions, d’a priori, sur le fait de partir quand on est une femme, seule. Faire le tour du monde toute seule à sac à dos. Est-ce que tu es tombée sur des situations plutôt dangereuses par moment, comment tu as géré? Parce que j’ai vu un article qui s’appelait « Le Diable s’habille en Yogi » [Le Diable s’habille en Yogi]. Explique nous un peu tes situations, comment tu gères?
Dans tous les voyages que j’ai fait, c’était super cool, super relax, j’me sens même en général plus en sécurité que dans le RER D [ligne de train de région Parisienne]. Mais en Inde, quand j’ai lu avant de partir tous les avertissements je me suis dit « Ça va, c’est peut-être des personnes qui n’ont pas l’habitude de voyager. » Je suis partie super confiante. Mais en fait l’Inde c’est super chaud pour une femme seule. Il faut vraiment être avertie, savoir comment s’habiller, quelles attitudes adopter, etc. Parce que l’Inde ça ne ressemble à absolument rien au monde [On dit d’ailleurs »You have not seen the world, if you have not been to India »]. Les codes sociaux sont complètement différents, les rapports homme-femme sont complètement… Il faut vraiment du temps pour comprendre comment ça marche. Et donc effectivement quand tu es une femme seule ça peut être difficile et l’article « Le Diable s’habille en Yogi » [Le Diable s’habille en Yogi] c’est parce qu’il y a beaucoup de charlatans dans le milieu spirituel. Ils profitent de leur pouvoir de manipulation et au lieu de s’en servir pour le bien, ils s’en servent pour le mal. Je ne le savais pas et je l’ai appris après mais par exemple lors des soins, des massages, il faut que ça se fasse de femme à femme et d’homme à homme. Parce que là-bas les hommes et les femmes sont tellement séparés dans la société, que dès qu’ils voient un bout d’épaule ils deviennent dingues, donc t’imagines un masseur qui masse une femme, il devient dingue, donc ouai il faut faire attention à ça. [Précision : valable surtout dans les zones rurales et chez les générations avant 1970 / 1980. Pour les femmes les tenues appropriées doivent couvrir les jambes jusqu’aux genoux, les épaules et le décolleté. Les choses tendent à changer sensiblement.]
Geisha : J’ai une question pour toi de Franciane [L’émission en live vidéo sur facebook] qui demande si tu pars toujours seule, et moi je te demande combien de temps en général tu pars dans chaque pays pour réaliser tes reportages photo?
Je ne pars pas toujours seule, en général oui je préfère, sinon j’ai un ami en particulier [Bob Losty] qui des fois me rejoint ou avec qui on fait des petits voyages ensemble. Mais sinon pour mes gros voyages, de deux à trois mois, je préfère partir seule. J’aime bien rester longtemps dans un endroit, commencer à avoir mes repères, etc.
Geisha : En général tu vas chez l’habitant?
Chez l’habitant ou en volontariat.
Mak Paro : L’Inde c’est vraiment particulier, c’est autant merveilleux que ça peut être glauque. En général ils ne s’en prennent pas trop aux touristes, comme tous les bled, ils s’en prennent plutôt aux habitants. […] Dans le côté spiritualité sur ton blog, on ne retrouve pas que de la spiritualité [Journal – Spiritualité] pur et dur, on retrouve le côté karma.
C’est intéressant parce qu’on ne parle pas souvent du karma, comme le fait de se croiser quelque part,
de se dire on se reverra, et comme tu dis Ludovic vous vous recroisez au Canada, des fois ça va t’emmener à faire du taf. Qu’est-ce qu’il y a dans cette rubrique Spiritualité, parce que comme j’ai dit y a de tout en fait?
C’est ce que je vis, les « coïncidences » [synchronicités], le karma, tu penses à un truc et ça arrive quelques mois ou années après… C’est toutes ces choses là que j’expérimente et dont je parle de manière concrète, pas en donnant des grands principes ou des grandes lois, pour montrer aux gens qu’en fait ça arrive à tout le monde, c’est pas juste quelque chose de magique, de bizarre [ou réservé à certaines personnes]. C’est quelque chose que tu ressens, quand tu es au plus près de toi-même, de ton coeur, de ce que tu veux, etc, ça vient tout seul sans que tu y penses, sans que tu te dises « Ah il faut que j’applique la loi de l’attraction », etc. C’est quelque chose de naturel et si tu es déterminé tu fais ce qu’il faut pour et voilà.
Mak Paro : Dans les mains j’ai ce livre, « 50 voix de femmes pour inspirer l’âme, Rencontre avec ma femme sauvage » [Mes livres], tu fais partie de ces 50 femmes, peux-tu nous parler de ce projet?
C’est les Éditions de La Plume Sauvage [laplumesauvage.com] qui faisaient un appel à texte : « J’ai rencontré ma femme sauvage ». Je revenais d’Inde où j’ai écrit un livre [Lotus] qui n’est pas encore publié, et ça correspondait exactement à la description de l’appel à texte. Donc j’ai pris l’introduction de mon livre [dans l’idée, mais le texte est entièrement modifié], je l’ai proposé et il a été sélectionné. On a lancé le livre le week-end dernier à Nîmes [Salon « Autour du féminin »], où on s’est rencontrée avec une quinzaine d’auteures. On a à peu près toutes le même parcours et c’est comment à un moment donné, on est revenu à notre vraie nature, à ce qu’on est vraiment, et ce qu’on veut faire vraiment, à notre passion, malgré le fait que ce soit en général hors du chemin classique de la société. Comment aller à l’encontre de ça, comment accepter ça, comment le faire accepter, et finalement bien vivre avec ça.
Mak Paro : Comment toi tu as fait pour rencontrer ta femme sauvage? C’est vraiment l’Inde qui t’a amené à ça?
En partie oui. Les détails sont dans le livre, mais c’est un enchaînement de situations, un décès, une nouvelle relation, mon voyage au Canada, mon voyage en Inde, c’est plein de petites [plutôt gros évènements] choses comme ça qui ont fait qu’à un moment donné j’ai perdu tous mes repères, que ça soit par rapport au décès, par rapport au Canada où je ne connaissais personne, et en perdant ces repères j’avais cette espèce de liberté d’être qui je veux et de pouvoir faire ce que je veux [sans pression de société, sans attente des autres, etc]. Et là, je me suis retrouvée, moi [j’étais en fait mon propre repère].
Mak Paro : Un moment je te parlais sur facebook et je te demandais comment c’est pour une française de partir au Canada, c’est quoi la vie là-bas, est-ce que ça vaut le coup de prendre ses cliques et ses claques et de se barrer, est-ce que c’est ce qu’on croit? Je te repose la question.
Pour une femme, partir au Canada [en tout cas à Montréal], quand tu viens de Paris, c’est tellement la vie! T’arrives, tu peux te balader à n’importe quelle heure, dans n’importe quelle tenue, toute seule, avec des copines, tu ne te fais jamais harceler [ou presque], les gens sont hyper respectueux, tu peux parler à des inconnus, c’est pas bizarre.. La vie est juste super cool. Après au niveau professionnel, c’est ouvert, on te demande juste de faire tes preuves, on ne te demande pas d’où tu viens ou quelles études t’as fait, on te demande juste « montre moi ce que tu sais faire ». Et si tu en veux,
tu en auras [Parce que même au Canada, on a rien sans rien].
Mak Paro : Quel sera ton prochain voyage hormis le Canada?
Je sais pas, je prévois rarement avant une semaine.
Mak Paro : Ah ouai t’es comme ça, tu pars en freestyle comme ça?
Je sais que je pars, [je sais à peu près quand] mais je ne sais pas où.
Mak Paro : Tu dois prendre ça comme des vacances j’imagine, mais par rapport à tout ton travail qui t’attend, des fois j’imagine que ton voyage tu dois l’écourter, ou tu dois gérer de telle ou de telle manière?
Je m’organise en fonction de ça, j’organise tout mon travail en fonction du voyage que je veux faire donc les choses que je peux faire à distance je les prend à distance, si on me propose un contrat alors que je suis en voyage, je dis juste que je ne suis pas là. C’est pas mon voyage que j’organise en fonction de mon travail, mais le contraire, ça demande beaucoup d’organisation. Par exemple pour les peintures j’ai mis en place des print que l’on peut acheter directement sur internet sans que j’ai à le gérer [Print en vente en ligne], et plein de petites choses comme ça.
Ludo : Aussi tes voyages deviennent un peu l’inspiration de ton travail, donc au final c’est aussi important que ton travail au quotidien.
Souvent en voyage je travaille presque autant et parfois plus que quand je suis sédentaire.
Ludo : Ça peut ouvrir beaucoup de portes et ça ouvre l’imaginaire aussi.
Mak Paro : Tu parles des print qu’il y a sur ton site, c’est des print qu’on peut utiliser pour tout et n’importe quoi parce que tu ne fais plus de t-shirts?
[Les print sont des tableaux imprimés destinés à la décoration] J’ai arrêté les t-shirts en 2015 à peu près, je ne voulais plus en faire [Pourquoi j’ai arrêté l’art à porter], mais là au Pérou j’ai donné un atelier de peinture sur t-shirts qui m’a énormément donné envie de reprendre, donc ça se peut que je reprenne d’une certaine façon. Je ne sais pas quand, comment, quoi…
Mak Paro : Parce qu’il faut bien comprendre que chaque t-shirt est unique. Donc ça aussi ça claque. Comme ton auto-portrait qui claque. […]
Tu nous l’as dit, il y a ton livre qui est là qui n’est pas encore sorti, est-ce qu’il va sortir et est-ce qu’il y a une date de sortie?
J’aimerai bien le sortir pour mes trente ans, mais c’est encore en réflexion.
Mak Paro : Nous en tout cas on sera là pour lire ce livre, on l’attend. Je pense que ça va être super intéressant et au vu de ton écriture, au vu de ce que tu écris, notamment dans ton journal [journal.jessicavaloise.com], etc, je pense que ça va être super intéressant, et je pense que tu vas faire le packaging avec vidéo, plein de trucs super sympa, etc.
Geisha : Jessica ce fut une belle découverte et je suis super heureuse de connaître ton travail. J’ai hâte de lire tes bouquins. J’ai été aussi un petit peu farfouiller sur ton site tout à l’heure. J’ai une dernière question qui a été posée pour toi [L’émission en live vidéo sur facebook] : « Si Jessica devait se présenter, elle est … ?
Artiste.
En espérant que cet article ait pu en aider plus d’un, n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions et suggestions.
Et si cet article a pu vous aider, n’hésitez pas à le partager et/ou à soutenir mon travail de recherche et création ici : patreon.com/jessicavaloise