Dans cet article je vous détaille ce que vaut une séance photo. Je vais bien sûr parler principalement sur ce que je connais, c’est-à-dire la photographie de concert. En espérant que ça puisse servir autant aux photographes qu’aux consommateurs.
LE MATÉRIEL & LA FORMATION
Le matériel photo, bien que beaucoup plus populaire et plus accessible qu’il y a quelques années, reste dispendieux. Lorsqu’on veut pratiquer la photographie à titre professionnel, un minimum de qualité est requis.
Ainsi, pour un appareil photo réflex semi-professionnel (~ 2800$), un objectif à ouverture f/1.8 (~ 200$), deux batteries (~ 70$) et deux cartes mémoire de 32go (~ 150$), en plus d’un ordinateur suffisamment puissant et fiable avec une bonne résolution d’écran (~ 2800$) et deux disques dur externes de 1to (~ 240$), un investissement de départ minimum semi-professionnel s’élève à environ 6300$.
Ensuite, il faut ajouter annuellement l’entretien de l’appareil photo (~ 80$), l’abonnement aux logiciels de développement photo (~ 900$), une assurance perte, casse et vol (~ 1200$), les frais éventuels d’abonnement internet et électricité ou location d’un espace de travail (~ 1020$), les formations en école, en stages, en ligne, par l’achat de livres, sur le terrain par du bénévolat (~ 1000$), l’hébergement d’un site internet (~ 500$), les taxes et les impôts et éventuellement les frais de comptable (~ 1500$), les cartes de visite (~ 200$), la publicité (~ 100$)… soit environ 6500$ par an.
AVANT LA SÉANCE
Une séance, peu importe le domaine, se prépare. Qu’il s’agisse du repérage, du démarchage, des échanges multiples avec le client, éventuellement de(s) rendez-vous, de la rédaction du devis, puis de la facture et du contrat, cela prend plusieurs heures de préparations, parfois réparties sur plusieurs jours. En se basant sur un salaire horaire de 41.28$, cela peut représenter, pour une moyenne de 4h de préparatifs, 165$.
LA SÉANCE
Enfin, la séance en elle-même. Ici, on compte le temps de prise de vue, éventuellement le déplacement, la location de salle et d’équipement. Toujours pour un salaire horaire de 41.28$, pour une prise de vue de 1h, on compte 41.28$ + les frais éventuels de longs déplacement et de location.
APRÈS LA SÉANCE
Une fois la séance terminée, nous transférons nos photos dans notre logiciel de développement. La première visualisation des photos permet de faire un premier tri des photos ratées. Un second tri permet d’éliminer les photos n’ayant pas de réel intérêt. Un troisième, voir plusieurs tris supplémentaires permettent de choisir les photos finales. Après ça, ou pendant ce troisième tri, les retouches des photos commencent. En moyenne, il faut compter 2 heures de développement photo pour 1h de prise de vue. Soit 82.56$ pour une prise de vue de 1h.
Une fois terminé, les photos sont exportées du logiciel, puis envoyer au client. Selon la rapidité de notre processeur et de notre connexion internet, nous pouvons compter 1h, soit 41.28$.
COMMENT RÉPARTIR LES COÛTS SUPPLÉMENTAIRES PAR SÉANCES ?
Mettons que par an, les coûts relatif à notre activité s’élèvent à 6500$, il faut évaluer le nombre d’heures travaillées globalement sur l’année (en prenant en compte les jours fériés, les vacances, les arrêts maladie, etc.).
Dans une année, on compte 52 semaines, auxquelles on enlève 10 jours fériés, soit 2 semaines. Il nous reste 50 semaines auxquelles on enlève 3 semaine de vacances. Il nous reste 47 semaines auxquelles on prévoit 1 semaine d’arrêt maladie. Il nous reste 46 semaines, auxquelles on vient enlever les temps de préparation non facturable tels la recherche et prospection de contrats, la construction et mise à jour d’un site internet, la création de cartes de visite, etc. On se base alors sur 41 semaines de travail dans l’année.
Soit 41 semaines x 5 jours x 7 heures = 1 435 heures de travail annuel.
On additionne alors le salaire annuel souhaité et le coût annuel de notre activité, que l’on divise par le nombre d’heures estimées travaillées :
45 000 $ + 6 500 $ / 1 435 heures = 35.89$ / heure.
35.89$ / heure est le tarif minimum sous lequel on ne peut absolument pas descendre. À ce tarif, nous ajoutons un coussin de sécurité de 15% : il correspond à une marge pour les périodes d’inactivité (équivalent du chômage technique), ou une marge de profit pour les périodes de grande activité.
Ainsi, le tarif horaire régulier sera de 41.28$
POUR UNE SÉANCE PHOTO d’1H (EN ÉVÈNEMENTIEL),
LE COÛT BRUT STRICTEMENT MINIMUM S’ÉLÈVE À 330$.
LES HEURES SUIVANTES À 165$.
EN TANT QUE PHOTOGRAPHE, L’ERREUR À ÉVITER
Vouloir commencer avec un tarif bas pour s’assurer d’avoir des clients est la pire erreur à commettre. En plus de casser le marché, sachez qu’un client qui ne vous paye pas à hauteur de votre travail, ne vous payera jamais à hauteur de votre travail. Si vous lui fournissez un travail de qualité à 80$, pourquoi vous payerait-il 330$ demain, pour la même chose ? Si demain son budget lui permet de payer 330$, sachez que ce n’est pas vous qu’il choisira, mais le photographe qui d’emblée annonce son prix à 330$.
EN TANT QUE CLIENT, QUE PAYEZ-VOUS, QUE NE PAYEZ-VOUS PAS ?
En tant que client, voilà donc ce que vous payez précisément : le service, et le produit, en plus de la valeur inestimable de l’immortalisation d’un moment.
En revanche, vous achetez bien une prestation et un produit, mais vous n’achetez pas les droits d’exploitation, de reproduction et de diffusion des images. Pour plus d’informations sur ce sujet, je vous invite à lire l’article « PHOTOGRAPHIE | DROITS D’AUTEUR ET DROIT À L’IMAGE ».
En espérant que cet article ait pu en aider plus d’un, n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions et suggestions.
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Photo de couverture : © 2016 Jessica VALOISE