La photographie de concert est un de mes domaines préféré avec la photo de coulisses, de plateau et de voyage. Grâce à différents clients comme Camuz, j’ai pu couvrir une centaine de concerts et festivals ces trois dernières années.
Aujourd’hui, je vous partage quelques « règles » et conseils du métier.
1. Bien choisir son matériel (adapté à la photographie de concert) : on privilégie l’ISO, l’ouverture et la rapidité d’autofocus
Autant aujourd’hui il est facile de faire de belles photos à l’aspect professionnel grâce à la démocratisation des appareils numériques, autant pour faire de la photo de concert, il va falloir monter en gamme, à cause de la luminosité. Les gros concerts, dans les grandes salles, sont en général très bien éclairés. Mais il se peut que vous ayez à faire à des petites salles ou des jeux de lumières très sombres : dans ces cas là, vous allez devoir pousser vos ISO.
C’est pourquoi il est important de choisir un appareil dont la limite du bruit numérique est élevée. Par exemple, un Canon 5D vous permet d’aller jusqu’à 12 800 ISO, contre 800 avec un boîtier d’entrée de gamme. Pour savoir si un appareil gère bien le bruit numérique, le mieux est de consulter les tests des sites comparatifs.
Ensuite, il faut choisir ses optiques, par lesquelles passe la lumière et avec lesquelles on fait la mise au point. Il faut dont des optiques lumineuses et rapides. Ce qui signifie avec une ouverture maximale de f/2.8 et minimale de f/1.4. En dessous de f/1.4, on risque d’avoir une profondeur de champ trop importante, avec par exemple un nez net et le reste du visage flou, ce qui n’est pas particulièrement intéressant. Cependant, les optiques disposant d’une très grande ouverture – en dessous f/1.4 – ont, en général, également un très bon piqué. Alors il peut être intéressant de shooter avec un 50mm f/1.2 par exemple, en le réglant à f/1.8. Enfin, la capacité de mise au point de la lentille – l’autofocus – doit être rapide en dépit du mouvement et des changements lumineux. Pour cela, de nouveau une recherche sur les sites comparatifs est l’idéal.
2. Bien choisir son mode de travail
Tout comme pour le choix de son matériel, autant dans un mode tout automatique on peut s’en sortir avec de belles photos presque pro, autant en concert il faut connaître son boîtier et au minimum ses réglages de bases. En effet, en raison des variations de lumière, intensité, couleurs, mouvements, il est préférable de photographier en mode tout manuel. Ce qui implique de réagir vite et de savoir anticiper les mouvements et les lumières. Pour le coup, là c’est vous qui êtes en mode automatique, vous devez connaître vos réglages par coeur. Bien sur, tout cela vient avec le temps et l’expérience.
Cependant, selon le temps que l’on a – le concert complet ou les trois premières chansons – et selon les jeux de lumières – prévisibles ou extrêmement rapides – on peut choisir de régler certains paramètres en mode automatique. Par exemple l’ISO : ce qui nous permet de nous concentrer sur la composition. Dans ce cas là, il faut faire attention à ce que le réglage, qui se fait au moment de l’autofocus, se fasse au bon endroit, pour ne pas se retrouver avec un visage complètement brûlé par exemple.
3. Photographier en fichier brut / RAW
De base, il est préférable de prendre ses photos en RAW. En concert, c’est obligatoire. Cela permet une grande liberté de post-traitement : corriger la balance des blancs (parfois la lumière peut être très rouge ou très bleue, les visages peuvent être complètement jaunes, etc.), ce qui est impossible sur un fichier JPEG, atténuer le bruit numérique, etc.
4. Photographier sans flash
En concert, il est déconseillé d’utiliser un flash, et la plupart du temps, il est interdit. Non seulement ça dérange les musiciens et le public, mais il s’avère souvent inutile en raison de la distance avec la scène, des jeux de lumières et de fumée qui vont venir interférer. De plus, ça peut dénaturer l’ambiance lumineuse d’origine, même si celle-ci est très sombre.
5. Savoir composer rapidement
Parfois, vous aurez tout le concert pour prendre des photos, parfois cinq minutes, parfois trois chansons… Des fois les sujets seront immobiles, d’autres fois bougeront dans tous les sens, ou encore vous changerez constamment de place dans un temps restreint. Ici, vous ne maîtriser ni la lumière, ni le sujet. Alors il faut savoir composer rapidement, et encore une fois, être soi-même en mode automatique : la règle des tiers doit être un automatisme, on ne coupe pas de main, ni de pied, ni de menton. Il est aussi intéressant de varier ses points de vue, si le règlement et la configuration de la place le permet : fosse, gradins, balcon, à gauche ou à droite de la scène… Ainsi que de varier ses plans : plans larges pour rendre compte de l’ambiance, gros plans pour donner à voir ce qu’on n’aurait pas forcément vu dans la folie du concert, etc.
6. Connaître son sujet
Être un mélomane, connaître un minimum le milieu du spectacle, ça peut aider et ça peut faire la différence. En ayant cette connaissance, vous saurez quelle photo est importante et significative pour tel ou tel artiste. Vous saurez aussi quand prendre une photo, en anticipant un solo de guitariste qui a lieu à chaque prestation par exemple, ou encore une action propre à l’artiste qu’il fait à chaque concert. Si vous ne connaissez pas du tout l’artiste, le fait de connaître la musique, ses aspects techniques, ses petites recettes, ses méthodes de composition, etc. peut réellement aider à saisir des instants et des détails qui font toute la différence.
7. Se faire discret, respecter le public et les artistes
En tant que photographe de concert, on se place, en général, entre le public et la scène. C’est-à-dire devant les gens qui ont payé leurs places, et qui souvent, sont agacés par les photographes. Il faut savoir prendre sur soi, rester discret et courtois. On peut leur demander de se pousser quelques secondes pour un ou deux clichés, mais il ne faudra pas abuser. Pour ce qui est des artistes, il ne faut en aucun cas les déranger, et éviter à tout prix de les empêcher d’interagir avec leur public : on ne lève pas son bras devant le visage de l’artiste qui est en train de s’approcher de son public, pour faire une photo à l’aveugle et avoir un cliché (extrêmement) de face. True story.
J’espère que ces conseils auront pu vous aider, n’hésitez pas à commenter, et bon show à vous!
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Photo de couverture : Yasiin Bey au Centre Phi © 2015 Jessica Valoise